Parler de sa maladie respiratoire sur son lieu de travail

Dans le parcours de tout malade chronique, une question vient toujours à se poser : dois-je ou non évoquer ma maladie sur mon lieu de travail ? Si oui, à quel moment ? Auprès de quel interlocuteur ? À quelle fin ? Et comment cette information va-t-elle être perçue et quelle(s) réaction(s) va-t-elle susciter ?
Voici quelques pistes de réflexion pour déterminer quelle option envisager.

Occuper un poste adapté à son état de santé

Le terme de maladie respiratoire couvre un large spectre de pathologies. La situation n’est pas identique selon le diagnostic : asthme, BPCO, insuffisance respiratoire. Si vous êtes asthmatique, il est recommandé d’éviter l’exposition aux facteurs déclenchants. Vous devez également toujours avoir à portée de main votre traitement de crise, à savoir le bronchodilatateur que l’on vous a prescrit. Respecter ces deux conditions vous permet d’envisager potentiellement de nombreux postes.
Dans le cas d’une BPCO, la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) indique que l’on « peut continuer à travailler si l’état de santé est compatible avec le ravail effectué. » Cependant, certains secteurs ont été identifiés comme « à proscrire » : industrie textile, agriculture, élevage, fonderie-sidérurgie, BTP. Vous serez donc orienté vers un poste sédentaire, où vos voies respiratoires ne seront pas exposées, et qui vous demandera moins d’efforts physiques.
Au stade d’insuffisance respiratoire chronique, le poste occupé doit être très sédentaire. Par ailleurs, compte tenu de la fatigabilité liée à l’augmentation de la gêne respiratoire, il peut s’avérer pertinent de recourir à un temps partiel thérapeutique.
Dans tous les cas, il est recommandé d’évaluer, via un test d’effort, la compatibilité de votre état de santé avec le poste que vous occupez. Le médecin du travail peut vous aider en ce sens et être un appui lors d’une demande de reclassement professionnel ou de temps partiel thérapeutique.

Parler ou non de sa maladie respiratoire à l’embauche

Toute question relative à la santé relève du domaine privé et ne peut donc pas être abordée par un employeur lors d’un entretien de recrutement. Par ailleurs, si vous disposez d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), sachez que « celle-ci ne mentionne ni le type de maladie dont vous êtes atteint, ni votre taux d’incapacité ». De même que vous n’êtes pas tenu d’évoquer ce « statut » si vous ne le souhaitez pas. Vous pouvez donc faire preuve de transparence, mais aucune loi ne vous y contraint.

Parler ou non de sa maladie respiratoire au médecin du travail

La représentation que l’on se fait communément du médecin du travail tient le plus souvent à une convocation à un rendez-vous déterminant notre aptitude (ou non) au poste que l’on occupe. Or, les missions du médecin du travail ne se résument pas à uniquement émettre un avis, loin de là.
Les consultations auprès du médecin du travail ne se font pas exclusivement à la demande de l’employeur. En tant que salarié, vous pouvez faire la démarche de prendre rendez-vous, plusieurs fois si nécessaire, sans que votre hiérarchie en soit informée. En effet, le médecin du travail est tenu au secret professionnel.
De tous les interlocuteurs de l’entreprise, le médecin du travail est le plus à même de :
• comprendre le retentissement de votre maladie sur vos fonctions,
• mesurer les indicateurs de votre état de santé et de votre état de fatigue,
• vous conseiller si un aménagement de poste, voire un reclassement, semble pertinent.

Santé et travail sont deux facteurs contribuant à votre équilibre. Afin de maintenir au mieux cet équilibre, sans avoir à privilégier un de ces facteurs au détriment de l’autre, vous pouvez vous tourner vers le médecin du travail.

Parler ou non de sa maladie respiratoire à ses collègues

Bien que « ne pas dire » ne signifie pas « cacher », si vous optez pour ne pas le mentionner :
• ce choix peut être source de malentendus, générateurs de stress,
• vous vous imposez une discipline supplémentaire qui peut entraîner un surplus de fatigue,
• vous vous privez peut-être de solides appuis au sein de votre société.

Dans le service dans lequel vous travaillez, il y a certainement des personnes avec qui vous vous sentez plus à l’aise. Étant donné que vous êtes dans une démarche d’amélioration de votre qualité de vie, ne négligez pas ce que vous apportent ces « collègues de confiance ». Vous connaissez déjà leur discrétion et savez que vous pouvez compter sur eux : ils peuvent être l’oreille bienveillante bienvenue.

En conclusion

Pour résumer, parler ou non de sa maladie respiratoire sur son lieu de travail relève en premier lieu d’une question de choix personnel. Il en va de même pour les interlocuteurs à qui vous décidez d’en parler. Néanmoins, en fonction de la sévérité de votre gêne respiratoire, avoir un poste qui vous offre une meilleure qualité de vie ne peut qu’être appréciable. C’est pourquoi aborder le sujet avec votre médecin du travail peut représenter l’opportunité d’être entendu et ainsi accéder à un poste adapté. Quoi qu’il en soit, c’est à vous que revient la décision d’en parler ou non sur votre lieu de travail.

Sources : “Etre Handicap Information” n°134-135 : Maladies chroniques – Rendre visibles ces nouvelles situations de handicap